Augmentation des dividendes, coup de pouce pour le pouvoir d’achat… des plus riches !

Le comité régional CGT Picardie relaie note pôle économique CGT:

L’INSEE publie chaque trimestre une note de conjoncture pleine d’informations. Dans celle de juin 2019, on remarque notamment que le calcul des dividendes versés aux ménages pour l’année 2018 révèle de bonnes surprises pour les actionnaires. En effet, les dividendes versés aux particuliers ont crû de 24% en 2018 or cela ne reflète en aucun cas l’évolution des résultats des entreprises.

Comment expliquer ce bond des dividendes ? Dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a abaissé la fiscalité sur la rémunération du capital. Ainsi en 2018, le capital a été imposé selon le prélèvement forfaitaire unique également appelé « flat tax » à hauteur de 30%. Auparavant ces revenus étaient imposés de deux façons. Il y avait tout d’abord des prélèvements sociaux à hauteur de 15,5%, secondement ces revenus étaient taxés selon le barème de l’impôt sur le revenu. Ainsi, en cumulant les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu, la taxation pouvait monter à 60,5% pour les plus riches.

Au contraire, pour les citoyens ayant un revenu inférieur à 27 000€ par part fiscale, la taxation étaient inférieure aux 30% du Prélèvement Forfaitaire Unique. Ce sont donc les épargnants les plus modestes les perdants de cette réforme.

Afin de profiter au maximum de cette nouvelle fiscalité plus que généreuse pour les plus riches, les actionnaires se sont donc octroyé une forte augmentation des dividendes, qu’ils avaient immobilisés l’an dernier en prévision de ces cadeaux fiscaux.

Les plus riches, qui ont financé la quasi-totalité de la campagne électorale d’Emmanuel Macron ont donc un retour sur investissement immédiat.

Quel impact sur le pouvoir d’achat ?
Dans son discours de politique générale, Edouard Philippe s’est vanté d’une dynamique du pouvoir d’achat sans précédent depuis 10 ans. Certes le pouvoir d’achat des ménages augmente de plus de 1% pour la troisième année consécutive mais ces trois années de hausse ne sont pas non plus extravagantes (2016 : + 1,6% ; 2017 : +1,4% ; 2018 : +1,2%). De plus, pour comprendre le décalage entre ces chiffres et le ressenti de la population il convient de s’intéresser rapidement au calcul du pouvoir d’achat.

Mémo du pôle éco

Pour rappel, l’évolution de pouvoir d’achat correspond à la différence entre l’évolution du Revenu Disponible Brut1 (RDB) et l’évolution de l’Indice des Prix à la Consommation2 (IPC). Ainsi, en 2018 le revenu disponible brut a augmenté de 2,7% tandis que l’Indice des prix a augmenté lui de 1,5% ce qui donne une augmentation du pouvoir d’achat des ménages de 1,2%.

Cependant ces chiffres sont à nuancer. En effet, parmi les 2,7% d’augmentation du revenu disponible brut, 0,5 point (soit près de 20 % de cette augmentation) s’explique par l’augmentation des dividendes expliquée précédemment. Or ces dividendes ne sont évidemment pas distribués de façon égale dans la population. Les revenus de la propriété (loyers, dividendes, intérêts) représentent en moyenne 14% du revenu disponible brut des 20% plus riches (ce chiffre augmente de façon exponentielle lorsque l’on s’intéresse aux ultra-riches) contre 0% du revenu des 60% les plus pauvres.
Sans cette augmentation des dividendes qui n’a concerné que les plus riches, l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages n’a augmenté que de 0,7%, de quoi nuancer l’autocongratulation du Premier Ministre.
Ce chiffre, déjà peu réjouissant est lui-même à prendre avec des pincettes puisqu’il s’agit de l’augmentation du pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages, mais qui ne prend notamment pas en compte l’augmentation du nombre de ménages. Pour simplifier, en langage macronien, la taille du gâteau augmente certes, mais le nombre de convives également ! La part de chacun augmente donc relativement peu.
La mise en perspective de ces différents éléments permet donc de mieux saisir le décalage chronique entre les chiffres mis en avant par le gouvernement et le ressenti des français. L’exécutif ferait donc mieux de privilégier l’écoute des citoyens plutôt que la gouvernance par les chiffres.

 

 

 

 

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