Le monde d’après, mal engagé chez Arcelor Mittal à Montataire !

Interview du délégué syndical de l’usine Arcelor de Montataire

Début juin la CGT Arcelor Mittal organisait une journée de grève pour protester contre la fermeture d’une ligne de galvanisation à l’usine de Montataire qui se traduirait par la perte d’une cinquantaine d’emplois.

Quelques jours après cette action qui a rassemblé une soixantaine de personnes, Nicolas Vilmin, délégué syndical CGT revient sur la situation : ( interview réalisée par Céline Bridoux du comité )

Comité : la direction parle de « mise sous cocon » et non de fermeture, pourquoi cette réaction de la part de la CGT ?

Nicolas : la mise sous cocon est la façon habituelle de nous glisser un arrêt définitif, « en douceur ». À Montataire, nous avons déjà connu cela avec l’arrêt de la ligne tôle sandwich vers 2000, du recuit continu en 2004 et l’arrêt du décapage laminage en 2006.

De plus, nous savons par l’expert au CSE que le marché de la tôle galvanisée n’est pas en progression et que donc, la mise en route de la nouvelle ligne de Florange va absorber la production (pour moins cher)

Notre site a déjà payé le prix fort la stratégie du groupe. De 1300 salariés en 2000, nous sommes seulement un peu plus de 500 aujourd’hui…

 

Notre site a déjà payé le prix fort la stratégie du groupe

 

Comité : penses-tu que la crise sanitaire est un prétexte pour restructurer comme dans l’aéronautique par exemple ?

Nicolas : le projet d’arrêt de la ligne était prévu cette année, le temps de la montée en puissance du nouvel outil de Florange. Mais la crise leur permet d’accélérer les choses, à un moment où les salariés ont déjà un genou à terre.

 

Comité : continuer à délocaliser notre industrie, cela fait-il partie du « monde d’après » ?

Nicolas : selon Mittal, certainement. Ces projets ne sont pas nouveaux, gagner le plus possible, le plus vite, sans état d’âme. Pour nous, bien sûr que non, notre usine existe depuis longtemps et elle est viable, à condition de le vouloir.

 

notre usine existe depuis longtemps et elle est viable, à condition de le vouloir.

 

Comité : quel est la position des pouvoirs publics sur cette question de la fermeture de la GALVA à Montataire ?

Nicolas : il n’y a pas de licenciements, mais de la suppression d’emplois, via les contrats d’intérim et sous traitants. Seul le maire de Montataire est venu nous apporter son soutien.

Comité : à ce jour, est-ce que la direction a répondu à toutes vos questions ? (réponse technique sur l’arrêt de la ligne, les fiches missions pour reclasser les salarié-es ?)

Nicolas : non, la direction renvoie tout à un groupe de travail qui va réfléchir à tous ces aspects. Comme tous ses projets, elle met la charrue avant les bœufs. Nous savons qu’il faudra prendre chaque sujet au fur et à mesure pour obliger la direction à les traiter, avec les moyens que nous avons…

 

Pour compléter : Tract AMF (Arcelor Mittal France) extrait

 

Sacrifice d’une ligne pour concentrer les productions pour un maximum de cash !

La CGT le démontre depuis plusieurs années : il y a un déficit de production d’acier en France. Et nous ne sommes pas les seuls à la dire. Des rapports d’experts remis au gouvernement démontrent par exemple que dans le cadre de la transition énergétique, les besoins d’acier (entre autres matériaux) seront décuplés.

La crise Covid a aussi révélé la nécessité de relocaliser en France les productions dans nos filières clientes : l’automobile, l’aéronautique, l’énergie, les transports de manière plus large, etc. C’est en discussion actuellement entre le patronat, l’Etat et les organisations syndicales, dans chaque filière.

Autrement dit : oui, les besoins d’acier augmenteront de manière structurelle en France, comme en Europe.

La question est donc de savoir qui va y répondre : nos lignes de production nationales, ou bien de nouvelles importations d’Asie ou d’ailleurs ? Avec du moins disant social et environnemental ??

Il faut donc a minima sécuriser nos lignes de production, et au-delà envisager d’en réimplanter, en profitant d’avancées technologiques.

✓ Le combat des salariés de Montataire pour le maintien de cette ligne de revêtement n’est donc pas seulement le combat des salariés de l’Oise, mais bel et bien le combat solidaire de tous les salariés d’AM France et du groupe.

✓ Le même que celui des salariés de Fos sur Mer (face à la volonté du groupe de « mettre sous cocon » le site entier) !!

✓ Tout comme celui des salariés de Mouzon en Grand Est, face à la « mise sous cocon d’une ligne de revêtement !!

✓ Ou encore celui des salariés d’Arcelor Mittal Centres de Services (AMCS) contre la « mise sous cocon » de la transformation sur le site de REIMS (laminoir, skin, recuit) !!

La CGT du groupe, avec sa fédération métallurgie, a interpelé ces derniers mois le ministre de l’économie et l’ensemble des parlementaires pour que l’Etat s’insurge dans la stratégie déroulée par le groupe.

Dans la sidérurgie, comme chez nos clients, la lutte doit, a minima, être menée pour stopper les délocalisations opérées par les dirigeants du « monde d’avant ». Nos collègues chez Renault savent de quoi on parle !!

 

D’autres infos sur le site de l ‘UL CGT Creil

 

 

 

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