Un état des lieux de l’industrie en France

Le constat est sans appel : le déclin industriel est la conséquence de choix politiques. Face à ce constat la CGT a organisé les Assises de l’industrie, le 22 février dernier à la Villette à Paris. Dans ce film, les militants et syndiqués CGT dressent leur état des lieux de l’industrie en France entre déclin et manque d’investissements dans la recherche et la formation.

Pourquoi et comment relancer une industrie en France ?

L’état de l’industrie en France est sans appel. L’industrie française est en déclin depuis plusieurs années, dépassant à peine 10 % du PIB en 2016, contre 16 % en moyenne dans la zone euro. L’emploi industriel a reculé de près de 25 % en quinze ans pour se situer aujourd’hui autour de 3 millions de salariés.

Contrairement aux discours patronaux, repris par le gouvernement, ce ne sont pas les salaires qui induisent le manque de compétitivité des entreprises. C’est la primauté à la financiarisation de la gestion des entreprises industrielles depuis près de 40 ans qui fragilise l’industrie dans sa capacité à répondre aux besoins économiques, sociaux et environnementaux.

C’est donc le capital qui coûte et pas le travail. Le développement industriel doit être basé sur le triptyque économique, social et environnemental.

La construction européenne basée sur l’économie de marché et de la libre concurrence conduit à :
• la réduction des pouvoirs des États ;
• la réduction des dépenses publiques et sociales ;
• la mise en place de politiques d’austérité d’inspiration libérale ;
• la précarisation des travailleurs.

Les réformes territoriale et de l’État poursuivent cette même logique :
• organisation centrée autour des métropoles ;
• concurrence accélérée des régions ;
• abandon de pans entiers de l’industrie ;
• poursuite des politiques de gestion financière et non pas industrielles.

La vision CGT d’une véritable politique industrielle

Les inégalités entre les peuples et entre les citoyens d’un même pays se creusent. Nous sommes en capacité de produire pour satisfaire les besoins de chacun, tout en répondant aux enjeux écologiques auxquels nous sommes confrontés.

Il faut pour cela inventer un nouveau mode de développement, qui remette l’être humain et le travail au centre, dégagé des intérêts égoïstes au service de la finance, et permette l’implication citoyenne et la démocratie afin que le progrès technique renoue enfin avec le progrès social.

Produire autrement et mieux nécessite de s’émanciper du mode de développement libéral qui raisonne à court terme et met en place le dumping social et environnemental pour dégager des marges importantes.

Il est nécessaire de réindustrialiser la France, de relocaliser des capacités de production, de mettre en place des circuits courts, l’économie circulaire, l’écoconception, de produire des objets durables, interconnectables, réparables. Il ne s’agit pas de tout faire par nous-mêmes car les échanges avec les autres pays sont nécessaires. Mais ils doivent s’équilibrer globalement par une coopération mutuellement avantageuse pour les peuples.

Il ne s’agit pas non plus de promouvoir le consumérisme et le productivisme qui répondent tous deux aux exigences de rentabilité maximale et ne se posent pas la question de l’utilité sociale de la production, ni de son impact sur l’environnement.

L’industrie est au centre des défis environnementaux et sociaux

Les questions environnementales (climat, pollutions, biodiversité, matières premières, énergies, accès à l’eau…) et sociales sont au cœur de notre société.

Notre modèle actuel de développement ne peut pas répondre à ces enjeux et cause d’énormes dégâts. Par exemple, nous comptons 20 millions de réfugiés climatiques et nous allons vers les 250 millions en 2050 si rien n’est fait.

L’extrême pauvreté touche encore 10 % de la population mondiale. La très médiatisée COP21 est bien loin de répondre à ces enjeux, tout comme, en France, la loi d’août 2015 sur la transition énergétique. L’industrie est au centre de la réponse à ces enjeux.

Il ne s’agit pas de tourner la page de l’industrie traditionnelle pour ouvrir une page de l’industrie dite « verte » ou « tout numérique », toujours axée sur la logique du profit. La CGT défend une politique de reconquête industrielle partant de l’existant, où les progrès technologiques sont au service du progrès social et de l’environnement pour répondre aux besoins de tous les citoyens.

Les femmes et les hommes qui travaillent dans les entreprises industrielles savent comment développer, assurer la pérennité de leur activité et de leur savoir-faire collectif.

La première des priorités est d’arrêter l’hémorragie des fermetures de sites industriels, des emplois, des savoir-faire et de la maîtrise technologique. Il faut donc revoir les aides aux entreprises pour les réorienter vers la régénération des sites industriels et la création d’emplois.

La deuxième des priorités est que le développement des secteurs industriels puisse répondre aux besoins et à l’intérêt Général. Pour cela, l’appropriation collective des entreprises, et en premier lieu celles ayant une importance stratégique, est indispensable pour le développement économique et social sous des formes élaborées par les travailleurs eux-mêmes et les populations.

Enfin, pas de reconquête industrielle sans salarié. Le travail a besoin d’être revalorisé et le travailleur d’être au cœur du choix de société et d’une stratégie de développement répondant aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux.

Le travail doit être une source d’émancipation

Alors que les salariés sont les producteurs de richesses, les exigences de rentabilité immédiate conduisent à considérer l’humain comme du matériel, comme une variable d’ajustement des coûts.

Alors que les salariés sont par nature source de créativité, d’initiatives, nombre d’entre eux ont la boule au ventre en allant travailler.

Il faut revoir les organisations de travail menées sous les contraintes de planning et de coûts car elles sont des facteurs de risques psychosociaux. Elles empêchent un travail de qualité et génèrent ainsi de la malfaçon.

Ne plus souffrir au travail, c’est sortir de l’individualisme, et s’organiser collectivement pour mieux se défendre. C’est donc se syndiquer à la CGT, c’est se battre ensemble dans le travail et dans la société !

Quatre enjeux majeurs :

• reconstruire du collectif : c’est avoir les moyens de mettre en pratique et de développer les savoir-faire, c’est avoir des conditions de travail qui respectent les salariés et préservent leur santé morale et physique ;

• augmenter les salaires : les salaires sont trop bas. Ils doivent être augmentés afin d’assurer une existence normale et digne à tous et afin de reconnaître les qualifications, l’expérience et l’égalité salariale femmes-hommes ;

• porter la semaine de travail à 32 h : les gains de productivité sont essentiellement captés par les détenteurs de capitaux, particulièrement les capitaux financiers. Ils doivent profiter à l’ensemble de la collectivité pour créer des emplois. Il faut travailler toutes et tous, travailler mieux, travailler moins !

• obtenir des droits nouveaux : c’est lutter contre la casse du Code du travail et la criminalisation de l’action syndicale. C’est exiger un nouveau statut du travail salarié qui libérera les salariés du chantage à l’emploi.

 

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