Le comité régional CGT Picardie relaie:
À Mers-les-Bains, environ 200 salariés de chez Verescence ont effectué plusieurs débrayages. Ils protestaient contre une nouvelle organisation de travail que la direction veut mettre en place.
L’entreprise, ex Saint-Gobain Desjonquères, leader mondial du flaconnage en verre pour les industries de la parfumerie et de la cosmétique, est détenue par des fonds d’investissement depuis dix ans et la course aux gains de productivité a des conséquences désastreuses en termes de stress et mal-être sur les salariés, si bien que le passage aux 32 heures s’avérerait être un bon remède à la pression croissante.
En clair, la direction souhaite supprimer l’emploi d’intérimaires sur les lignes de triages et demander aux contrôleurs et conducteurs de ligne d’effectuer ces tâches. 400 salariés sur les 830 que compte le site sont concernés. Une aberration quand on sait que les salariés souffrent déjà de problèmes de sommeil, que les départs ou souhaits de quitter l’entreprise sont fréquents et que « le taux d’absentéisme – 8 % pour les ouvriers postés – est supérieur de 3 à 4 points à la moyenne nationale dans l’industrie ».
La Fédération Verre et Céramique CGT, avec l’ensemble des acteurs verriers (Verallia, VOA, O-I, Saverglass et SGD) a réalisé une étude il y a quelque mois pour réduire le temps de travail. En conclusion, l’application des 32 heures permettrait de créer une sixième équipe sans perte de salaire et donc de refaire descendre la pression exercée sur les salariés.
Selon la coordination, passer à 6 équipes c’est :
• un gain de 6 dimanches et jours fériés par an (en moyenne) ;
• entre 26 et 36 postes de moins de travail par an (selon les groupes verriers) ;
• 5,62 heures de moins par semaine (selon les groupes verriers) ;
• 12 matins, 12 après-midi, 12 nuits de moins par an (en moyenne) ;
• 28,07 heures par semaine au lieu de 33,60 (pour OI Manufacturing).
« On aurait pu penser que la direction aurait balayé cette proposition d’un revers de main, mais elle a accepté d’ouvrir une discussion sur l’éventualité de cette sixième équipe » explique Ludovic Krzyworzeka, représentant de la CGT.
Depuis dimanche, les débrayages ont cessé. La direction a en effet accepté la suspension du projet de réorganisation de la production bout froid four 6 et la mise à l’essai d’une ligne pilote sur le four 6 pour analyser les risques sur les conditions de travail ainsi que les risques éventuels de dégradation de la qualité liés aux relayages par les contrôleurs et conducteurs de lignes.
Précisons que le four 6 va être reconstruit pour une dizaine de millions d’euros et qu’il conditionne des gains de productivité dès sa mise en place en septembre prochain. Et Ludovic Krzyworzeka d’ajouter : « Nous sommes dans les mains d’un fonds d’investissement (le fonds américain Oaktree). Un fonds d’investissement ne s’intéresse pas au produit mais son but est de revendre l’entreprise en l’espace de cinq à sept ans. Nous pensons, que pour nous, c’est pour 2018. »
Selon le média Emballage Digest, Verescence a annoncé, jeudi 1er juin, l’obtention d’un financement de 45 millions d’euros octroyé par un pool de banques et de deux investisseurs institutionnels. Cette transaction va permettre à Verescence d’optimiser son niveau de liquidité et son coût de financement et va soutenir son plan de transformation « Excellence 2018 » qui comporte des investissements significatifs d’un montant de 100 millions d’euros sur les trois prochaines années, dont 50 % en France.