Le comité régional CGT Picardie relaie: notes du pôle économique CGT
Vous êtes très riches ? Félicitations ! Grace a MM Macron-Philippe vous le serez encore plus
Suite à la pression des élus de gauche (eh oui, n’en déplaise à nos gouvernants, gauche et droite, ça existe toujours), le ministère de l’Economie a évalué les effets économiques et redistributifs des nouveaux cadeaux fiscaux accordés aux riches.
Pour les 100 contribuables les plus riches, le gain lié à la transformation de l’ISF en IFI (impôt sur la fortune immobilière) et à l’instauration d’un taux d’imposition unique de 30 % sur les revenus du capital (« flat tax ») est estimé à 1,5 million d’euros par an : 1 million au titre de l’ISF et 0,5 million au titre du « flat tax ».
La « flat tax » profite particulièrement aux plus riches…
En effet, cette mesure est bien concentrée : 44 % des gains fiscaux générés par cette « flat tax » bénéficieront au « 1 % des ménages dont le revenu est le plus élevé », selon le président de la commission des finances du Sénat (Libération, 29/10/2017).
Ces riches gagneront en moyenne 582 380 euros par an grâce à la « flat tax ». Ce montant est, en moyenne, de 172.220 euros pour les 1000 contribuables les plus riches.… qui bénéficient aussi de la suppression de l’ISF
S’agissant de l’ISF, les 100 premiers contribuables payent, en moyenne, 1,26 million d’euros actuellement. Les plus hauts patrimoines sont constitués à environ 85 % d’actifs financiers. Ces actifs ne seront pas soumis à l’IFI.
A partir de ces constats, et sur la base des calculs du ministère de l’Economie, le président de la commission des finances du Sénat estime que le gain lié à la transformation de l’ISF en IFI s’élève pour ces contribuables à environ 1 million d’euros par an.
Et les perdants sont…
Cette générosité à l’endroit des riches est d’autant plus inadmissible que le tandem Macron-Philippe fait en même temps des économies sur le dos des travailleurs et des couches défavorisées : réduction de l’APL, suppression des emplois aidés, hausse de la CSG…
Effets médiocres sur l’emploi et l’activité économique
Le gouvernement justifie sa générosité à l’égard des riches en arguant que cela permettrait de lubrifier la machine économique.
Mais les calculs du ministère de l’Economie invalide cet argument.
En effet, selon ces calculs, la mise en place de l’IFI et la « flat tax » conduiraient à long terme à une augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 0,5 point et à la création de 50.000 emplois.
Supposons que par le long terme, les experts du ministère entendent le quinquennat en cours. Le manque à gagner pour le budget de l’Etat à cause de ces deux mesures est de l’ordre de 5 milliards d’euros par an. Sur le quinquennat, cela donne 25 milliards d’euros.
25 milliards divisés par 50.000, cela donne 500.000 euros par emploi, soit l’équivalent de 28 smic. C’est trop cher payé.
Au lieu de gaspiller l’argent des contribuables, l’utiliser pour renforcer le potentiel productif et augmenter les salaires, les pensions et les minima sociaux
Ces nouveaux cadeaux vont rejoindre les centaines d’autres qui sont accordés aux détenteurs de capitaux depuis de nombreuses années au nom de l’emploi et de l’investissement.
On ne dispose pas d’un chiffrage précis, mais le montant de l’ensemble des aides accordées aux entreprises peut être estimé à 200 milliards d’euros par an.
Face à l’inefficacité de ces mesures, la Cgt revendique, depuis de nombreuses années, leur mise à plat et leur évaluation.
Dans l’immédiat, nous proposons de garder l’argent de ces nouveaux aux riches et de l’affecter à deux fins précises : utiliser la moitié de cet argent pour augmenter les salaires, les pensions et les minima sociaux ; affecter l’autre moitié au renforcement de l’appareil productif (emploi, formation, recherche…).
Le résultat sera beaucoup plus fort en termes d’emploi et d’activité économique.
Le gouvernement n’est pas convaincu de notre prévision ? Qu’il demande au ministère de l’Economie de faire des calculs sur la base de notre proposition.
Non, l’enrichissement des riches n’améliore pas la situation économique
Les politiques du Président et son gouvernement profitent particulièrement aux riches et surtout aux
plus fortunés d’entre eux, comme en atteste le projet de loi de Finances (budget) 2018 .
Avant-même l’annonce de ce projet de loi, l’Observatoire français des conjonctures économiques
(OFCE) avait évalué les effets du programme fiscal du nouveau président sur le quinquennat. Cette
étude mettait en évidence que pratiquement la moitié des allègements fiscaux était destinée aux
10 % des plus fortunés de la population .
Une prospérité des riches associée à la pauvreté et à l’inégalité
Le programme économique du tandem Macron-Philippe est fondé sur la fameuse « théorie du
ruissellement », en vertu de laquelle pour améliorer la situation économique, il faut d’abord soignerles riches. Le raisonnement est que la hausse des revenus des riches permet d’irriguer le reste de l’économie car ils vont investir dans la production, ce qui, à son tour, augmente l’activité
économique et les revenus pour « tout le monde ».Initiée par Reagan aux Etats-Unis d’Amérique, cette théorie n’a pas donné de résultats probants en termes économiques ; en revanche, elle a augmenté les inégalités.
Une étude récente du service des études économiques de Natixis vient de confirmer cette réalité.
Partant d’un proverbe chinois (« quand les gros maigrissent, les maigres meurent »), l’étude de Natixis porte sur 16 pays parmi les plus riches du monde (pays de l’OCDE), dont notamment les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, l’Espagne… Il s’agit d’examiner les liens entre la « prospérité des riches » et un certain nombre de facteurs comme le taux d’emploi et de chômage, les gains de productivité liés aux nouvelles technologies, le taux de croissance économique, l’effort de recherche-développement, le taux de pauvreté et les inégalités.
Infirmant le proverbe chinois, la conclusion de l’étude est sans appel : la « prospérité des riches » est seulement associée à une pauvreté et à des inégalités de revenu accrues, et à rien d’autre.
A la question : « Des riches prospères améliorent-ils la situation générale de l’économie (emploi, chômage, pauvreté, inégalités, croissance, progrès technique) ? », l’étude apporte une réponse clairement négative : « La comparaison des pays de l’OCDE montre que la prospérité des riches (mesurée par la partie du revenu prise par le 1 % d’individus au revenu le plus élevé) est associée uniquement à une pauvreté accrue et à des inégalités plus fortes de revenu. »
Les ordonnances Macron et la hausse des inégalités
La conclusion de l’étude de Natixis corrobore celles d’une étude du Fonds monétaire international (FMI) publiée en 2015.
L’étude du FMI fait le constat de la dégradation des inégalités aussi bien dans les pays dits développés qu’émergeants, elle attribue cette hausse des inégalités, entre autres, au « déclin de certaines instituions du marché du travail ».
Les ordonnances Macron qui affaiblissent les institutions de défense des droits des travailleurs risquent donc de conduire, entre autres, à une hausse des inégalités. D’où la nécessité de s’y opposer.