Le discours de Kévin CREPIN, secrétaire de l’ UD CGT Somme,rendant hommage à Gérard Corselle, lors de la cérémonie des obsèques, le vendredi 8 février 2019 au crématorium d’Amiens.
C’est à la fois un honneur, mais aussi une tâche difficile que de vouloir rendre hommage à notre camarade Gérard, un camarade qui aura tant donné au service des salariés, et tant donné pour la construction de la CGT. Un camarade dont la vie est indissociable de son long combat pour défendre les salariés, dans lequel il faisait preuve au dire de tous d’une grande abnégation, dans laquelle il donnait beaucoup de lui -même, avec un grand sens de l’écoute, jamais avare en conseil, avec le souci permanent de faire au mieux, et d’aider à trouver des solutions.
J’ai malheureusement peu eu la chance de le côtoyer, mais j’étais frappé, lorsqu’il m’appelait régulièrement, par la grande attention avec laquelle il suivait l’actualité, les entreprises, le combat syndical, attirant mon attention sur telle entreprise, sur tel aspect de la situation, jamais donneur de leçon, et au contraire, avide de discuter et de pousser les camarades à discuter les problèmes, et d’aider à les résoudre collectivement. Même fragilisé par la maladie, il a jusqu’au bout donné de son temps de son énergie, y compris dans les moments difficiles qu’on pu traverser notre organisation, avec un souci : nous rassembler, nous conforter pour faire face aux enjeux de la situation.
Jeune syndiqué, Gérard travaillait en 1968 à Nord aviation, à Meaulte, tout comme Claudette. Ensemble ils se sont retrouvés au coeur de la grève générale de Mai 68, dans laquelle ils se sont lancés avec toute leur énergie. Ils y arracheront augmentation de salaire, congés payés supplémentaires, droit à la formation professionnelle. Peu de temps après, Gérard sera élu représentant du personnel. L’année d’après, il est élu à la commission exécutive de l’union départementale de la CGT. Il en deviendra secrétaire général en 1976, réélu à chaque congrès pendant 20 ans, faisant même un mandat de plus qu’il ne l’avait envisagé, pour aider les camarades.
C’était une période difficile, dans laquelle de nombreuses luttes ont du être menées. Lutte pour les libertés, pour la liberté d’expression, à travers laquelle lui et d’autres camarades aidaient, avec Radio Lafleur, une des premières radio libre, émise grâce à l’UD CGT.
A la tête de l’UD CGT, Gérard a fait face à la fermeture de Fiodor, à la fermeture des entreprises du textile, dans la vallée de la Nièvre. Avec un souci permanent, maintenir l’emploi, se battre pour maintenir l’outil de travail. Ils ont fait face et combattu l’arrivée du chômage de masse, qui est allé de pair avec la désindustrialisation. Et ils faisaient face à un pouvoir repressif, qui n’a pas hésité à utilisé d’une brutalité folle. Dans une manifestation pour le développement économique et social de la Picardie, les CRS tuent brutalement notre camarade Lucien Barbier, nos camarades Gérard et Jean Marie Faucillon sont frappés par les CRS, Gérard est frappé au visage par la police. S’engagera pour Gérard une longue bataille contre le pouvoir assassin, pour la mémoire de Lucien Barbier.
C’était un camarade soucieux de laisser toute leur place aux autres dans l’organisation, et en particulier aux femmes et aux jeunes. Il a travaillé avec Marie Hélène Hervas, Marie Pierre Boursier d’abord comme dirigeantes de l’UL Amiens, ensuite au secrétariat de l’UD. Son secrétaire à l’organisation Patrick Godefroy était à l’époque, le plus jeune secrétaire à l’organisation de France.
Gérard Fait partie de ceux qui ont aidé à créer et construire le comité régional Picardie, avec Roger Roucoux, comme un outil syndical au service des salariés.
Beaucoup dans cette salle ont été de ces combats, aux côtés de Gérard. Tous les camarades avec qui j’ai eu l’occasion de parler de lui le disent c’était un camarade au dévouement exceptionnel, et d’une grande écoute, dont la porte était ouverte à tous ceux qui avaient besoin d’échanger. Un camarade minutieux,
C’était aussi un duo militant dans sa vie privé, avec sa femme, notre camarade Claudette, qui a partagé tout ces combats à ses côtés. Nos pensées vont vers elle, vers leurs fils Nicolas et Laurent, et toute leur famille.
Et pour la CGT, nous savons ce que nous devons à Gérard, qui va nous manquer dans ses conseils avisés, dans sa fraternité. Tous les camarades garderont le souvenir d’un camarade discret, et très fraternel, toujours disponible pour les autres, et pour sa CGT.
Merci Gérard.