Les grandes entreprises s’affichent contre les inégalités, la grande hypocrisie

Le comité régional CGT Picardie relaie note du pôle économique CGT

En marge du G7, un groupe de 34 entreprises mondiales (Business for Inclusive Growth, B4IG) a annoncé en grandes pompes le déblocage d’un milliards de dollars pour lutter contre les inégalités. Assiste-t-on à une grande prise de conscience de la part de ces grands groupes ? A quelques détails près…

Un milliard de dollars, tant que ça ?

Pour comprendre l’enfumage de cette opération de communication, remettons tout d’abord les chiffres en perspective. Ces entreprises emploient plus de 3,5 millions d’employés à travers le monde et cumulent un chiffre d’affaires de plus de 1 000 milliards de dollars. 1 Milliard représente donc environ 285€ par salarié et 0,1% de leur chiffre d’affaires… Dans leur déclaration d’intention, ces entreprises annoncent que ce milliard profitera à plus de 100 millions de personnes, rien que ça. Cela signifie donc un gain moyen de 10€ par personne. Autorisons-nous quelques réserves quant à l’efficacité de cette mesure face à l’ampleur du problème.

Le gratin du capitalisme se réveille enfin ?

Il est également intéressant de regarder de plus près la liste des entreprises composant ce petit club. On retrouve notamment des banques comme AXA, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Goldman Sachs ou encore JP Morgan. Ces banques semblent moins avares en millions, voire milliards lorsqu’il s’agit d’alimenter les comptes dans les paradis fiscaux.
Dans ce groupe, figurent également des entreprises appartenant à des milliardaires français comme Kering (Famille Pinault) et L’Oréal (Famille Bettencourt); les quelques millions attribués pour cette initiative ne devraient pas compliquer leurs fins de mois.
A cette liste non exhaustive, on peut également ajouter la présence de Véolia, qui semblait moins prompte à lutter contre les inégalités lorsqu’il s’agissait de porter plainte contre le gouvernement égyptien après que celui-ci ait augmenté le salaire minimum.

Les véritables motivations sont ailleurs

Ne soyons pas dupes, cette initiative n’a aucune volonté de bienfaisance. Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, qui assure la conduite de ce groupe reconnait lui-même que «dans beaucoup des pays du G7, l’effritement des classes moyennes, qui sont la fondation de l’économie de marché, doit être une alerte car il est démontré qu’au-delà d’un certain seuil, les inégalités pèsent sur l’économie». Voilà leur véritable motivation, maintenir le pouvoir d’achat des classes moyennes pour préserver la société de consommation et assurer un palliatif aux classes populaires pour garantir leur survie qui n’est autre que la source de richesse de ces entreprises et des actionnaires qui les dirigent.

Plutôt que ces initiatives clairsemées, davantage médiatiques qu’opérationnelles, nous proposons des actions fortes à ces multinationales pour réduire les inégalités. La première des choses à faire est évidemment d’augmenter les salaires en rééquilibrant le partage de la valeur ajoutée au profit des salaires. La lutte contre l’évasion fiscale ou même le dumping fiscal, totalement légal, est un autre champ à étudier pour lutter contre les inégalités. Les marges de progression dans ce domaine sont immenses !

Ne faisons pas confiance aux plus riches pour lutter contre les inégalités. Il ne s’agit que d’une opération supplémentaire d’affichage, le capitalisme ayant toujours fonctionné ainsi : poser quelques rustines pour assurer la paix sociale et garantir sa reproduction.

Note du pôle économique CGT.

 

 

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