C’est une réforme idéologique, qui vise à ouvrir aux intérêts privés la richesse créée par les travailleurs et socialisée dans les caisses de retraite.
Notre système de retraites « permet de garantir à nos retraités un niveau de vie satisfaisant, tant en comparaison du reste de la population française qu’au regard de la situation qui existe chez nos voisins européens », selon les mots de l’ancien haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, principal architecte de la réforme poussé à la démission pour ses liens étroits avec le monde assurantiel.
En clair, notre système de retraite est sûr et ne peut pas faire faillite, car il est lié au travail. Les comptes sont quasiment à l’équilibre, il n’est donc pas urgent de le réformer.
Cette réforme est autant idéologique qu’économique. En détruisant notre système basé sur la répartition, le gouvernement veut introduire la retraite par capitalisation pour enrichir les compagnies d’assurances privées.
Pour ces dernières s’ouvrirait un marché de 314 milliards d’euros, soit le montant de la richesse économique consacrée aux retraites aujourd’hui.
Le gouvernement propose ainsi un modèle fondé sur « 3 étages » : la retraite Macron de base à points, très faible (filet social de quelques centaines d’euros) ; de l’épargne retraite négociée dans les entreprises qui le veulent ou le peuvent (cf. la loi Pacte, adoptée en 2018) ; une assurance retraite par capitalisation (pour les plus aisés confiant leurs économies à la Bourse).
Une autre réforme est possible : pour améliorer notre système actuel, nous proposons de mettre fin aux exonérations de cotisations sociales patronales, ce qui rapporterait 20 milliards d’euros, et de taxer les profits financiers, à un taux équivalent aux cotisations employeurs sur les salaires, ce qui représenterait un apport de 30 milliards d’euros par an.
Pourquoi le gouvernement cantonne le débat sur l’âge de départ et le montant des pensions sans ouvrir le chantier de la cotisation ?
En augmentant le taux de cotisation de 0,2 à 0,4 point par an, on assure de fait la pérennité du système : cela représenterait en moyenne une augmentation de 1,60 € par mois pour les travailleurs et 2,40 € pour les employeurs. Augmenter les salaires augmenterait mécaniquement les retraites. L’application de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes par exemple rapporterait 6,5 milliards d’euros en plus pour la Sécurité sociale.
Enfin, il faudrait lutter contre l’évasion fiscale et sociale, estimée entre 60 et 80 milliards d’euros chaque année.