Un an après avoir mis en demeure la Caisse d’Épargne Île-de-France (CEIDF) pour discrimination envers les femmes en juin 2019, notre organisation a assigné en justice la banque, qui avait refusé d’engager des négociations sur la question.
Ce mercredi 7 octobre, un huissier de justice a porté l’assignation en justice à la direction de la succursale de la banque
Prévue par la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle promulguée en 2016, l’action de groupe s’inspire des « class actions » américaines et permet à un syndicat ou une association de représenter un groupe de salarié·e·s confronté·e·s à une même discrimination.
Syndicats et intellectuel·le·s y voient un « levier pour gagner l’ouverture de négociations collectives ambitieuses, sur la base d’un vrai diagnostic des inégalités » dans les entreprises. Cette procédure a déjà été lancée par la CGT en 2017, pour mettre un termes aux discriminations syndicales chez Safran Aricraft Engines.
En France, les femmes sont payées en moyenne 26 % de moins que les hommes
L’action lancée contre les discriminations systémiques que subissent les salariées de la Caisse d’Épargne Île-de-France vise à « attaquer les plafonds et parois de verre qui cantonnent les femmes dans les plus bas échelons hiérarchiques, limitent leur évolution, entravent leurs mobilités et à protéger toutes les femmes, des employées jusqu’au cadre », détaillent les auteurs et autrices d’une tribune publiée sur Médiapart dont notre organisation est signataire.
La direction se défend de toute discrimination et en veut pour preuve sa note obtenue à l’index nationale, un outil mis en place en 2019 par la ministre du Travail Muriel Pénicaud pour résoudre les inégalités. La direction déclare ainsi que l’écart des salaires se situe à 1 % tandis que notre organisation, avec l’aide de ses avocat·e·s, ont calculé un écart de 18 %, soit 700 euros mensuels.
Les hommes représentent 38 % des effectifs, mais bénéficient de 56 % des promotions
La mobilité des femmes au sein de l’entreprise est aussi entravée : elles restent en moyenne trois ans de plus que les hommes à un même emploi. Si cette action en justice obtient gain de cause, elle pourrait bénéficier aux 2 700 femmes de l’entreprise, qui pourront s’y associer même une fois le jugement rendu.