Près de 12 millions de fichiers émanant de quatorze cabinets fiscaux spécialisés dans les paradis fiscaux ont été transmis par une source anonyme aux journalistes de l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists).
L’enquête a mis à jour des milliers de sociétés écran et des centaines de personnes qui cachent leurs avoirs dans les paradis fiscaux.
De nombreux criminels, plus de cent milliardaires figurent dans cette liste, mais aussi 330 responsables politiques de plus de 90 pays, dont 35 chefs d’État.
On peut notamment y lire les noms de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, de l’ancien directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn, ou de l’actuel premier ministre tchèque Andrej Babis.
Les investigations de l’ICIJ montrent que « des dirigeants internationaux qui pourraient s’attaquer à l’évasion fiscale offshore en ont au contraire secrètement profité, en déplaçant de l’argent et des actifs hors de la portée des autorités fiscales et policières. » peut-on lire sur le site du consortium.
Parmi ces dirigeants, certains prétendaient même lutter contre l’évasion fiscale.
Le fait que des personnalités politiques figurent dans ces fichiers ne manquera pas d’alimenter la défiance grandissante envers la classe politique.
Alors que l’Etat supprime des postes dans la fonction publique et n’investit pas dans les infrastructures, « on pourrait récupérer plusieurs dizaines de milliard d’euros si on luttait efficacement contre la fraude et l’évasion fiscale » déplore Mickaël Wicke, de la CGT Finances.
Mais, depuis 20 ans, 40 000 emplois ont été supprimés dans les finances publiques, principale administration chargée du contrôle, posant la question de la réelle volonté politique de lutter contre ce fléau.
Seuls les plus riches ont les moyens d’avoir recours aux services de conseillers et d’avocats fiscalistes qui les aident à échapper à l’impôt. Ces dernières années, les impôts progressifs ont diminué, ce sont de plus en plus des taxes (comme la TVA) qui pèsent lourdement sur ceux et celles qui ne peuvent pas cacher leurs biens dans les paradis fiscaux.
L’évasion fiscale « joue sur les différences entre les législations nationales » explique Mickaël Wicke.
Elle représente un manque à gagner de 100 milliards d’euros par an pour la France et 1 000 milliards pour l’Union Européenne.
La CGT prône une taxation unitaire des multinationales au niveau mondial, basée sur l’activité réelle de l’entreprise pays par pays.