Ayez confiance, les adeptes du capitalisme vous informent. De tout temps, les industriels ont investi dans la presse. Un acte philanthrope ? Certainement pas. L’investissement des grands groupes dans le secteur de la communication et de l’information est un formidable moyen de pression. Cela permet aux industriels d’ élargir leur influence et de véhiculer une idéologie au service du capital.
Ainsi, depuis plus de 25 ans, le traitement médiatique accompagne avec bienveillance chaque nouvelle réforme libérale.
“Le scénario est bien balisé, le vocabulaire bien rodé, les formats bien ajustés : « la réforme » a une étonnante capacité à mettre en marche la machine médiatique à fabriquer sa bouillie, parfaitement conforme aux intentions des « élites » économico-politiques” relève l’observatoire des médias (ACRIMED) créé en réaction au traitement médiatique de la mobilisation contre le plan Juppé de 1995. Depuis une vingtaine d’années, le procédé a pris de l’ampleur avec le développement d’Internet et des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication).
Alors que les Français se méfient de plus en plus des médias, les investissements des industriels dans le secteur connaissent une accélération inédite.
En multipliant les investissements dans le secteur de la presse, l’audiovisuel, les télécoms, ou encore l’édition, ces milliardaires à la tête de grands groupes industriels, bâtissent un empire médiatique. En créant des ponts entre contenus et contenants, ils contrôlent tous les éléments de la chaîne de production de l’information et développent ainsi un puissant outil à forger les opinions.
Symbole de cette tentation hégémonique et de la banalisation des idées d’extrême droite, le groupe Vivendi avec à sa tête Vincent Bolloré qui va jusqu’à posséder un institut de sondage. Si son nouvel objectif se concrétise, dans quelques mois, il pourrait posséder “70 % des livres scolaires, la moitié des livres de poche, une centaine de maisons d’édition, avec un quasi-monopole sur la distribution des livres” alerte dans un appel plus de 80 organisations associatives et syndicales.
Depuis la Libération, il est pourtant acquis que l’information n’est pas un objet commercial mais un instrument de culture.
L’ appel, signé par la CGT et lancé le 16 février dernier dénonce “ cette concentration de médias […] sans précédent dans notre histoire. Elle renverse les principes démocratiques garantis depuis la Seconde Guerre mondiale, et tous les progrès de la liberté de la presse, du droit d’informer et des médias. Sous nos yeux incrédules se déroule une révolution rétrograde qu’il est urgent d’empêcher.”
Alors que la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias pour en évaluer l’impact sur la démocratie devrait rendre ses conclusions d’ici la fin du mois, la CGT tient à rappeler ses revendications afin d’assurer le droit à l’information en reconnaissant enfin l’indépendance juridique des équipes rédactionnelles ou en renforçant les dispositifs anti-concentration dans les médias.