Sécurité alimentaire: quand manger devient dangereux

La tragédie des pizzas Buitoni avec la mort de deux enfants, le rappel des chocolats Kinder peu avant Pâques, puis des fromages de la marque Graindorge font suite à de nombreux scandales sanitaires dans l’agroalimentaire. A force de mener une course au profit, le secteur rogne sur les règles fondamentales d’hygiène.

L’arrêté préfectoral des Hauts-de-France du 1er avril cogne fort.

« L’état des locaux et des équipements, les conditions de stockage et de manipulation des denrées alimentaires ne permettent pas le maintien de l’activité industrielle de l’établissement qui présente une menace pour la santé publique »

Il aura fallu le décès de deux enfants intoxiqués par des pizzas Buitoni (Nestlé) « garnies » de bactérie Escherichia Coli (E.coli), plus 44 autres contaminations en France, pour que l’un des innombrables scandales sanitaires des dix dernières années ait enfin un retentissement.

Quelques jours plus tard, des produits Kinder (Ferrero) soupçonnés d’avoir causé des centaines de cas de salmonellose en Europe, dont 21 en France, étaient médiatisés.

À son tour, Lactalis rappelait début avril 24 000 fromages au lait cru.

N’en jetez plus !

« Ces scandales sanitaires à répétition sont liés à la recherche d’une rentabilité maximum, au mépris des règles de sécurité alimentaire dans un secteur qui ne souffre pas le manque d’hygiène », alerte Maryse Treton, de la fédération agroalimentaire (Fnaf-CGT).

La course au profit

« La course au profit signifie que l’on rogne sur tout : la qualité des matières premières, le temps de nettoyage … », ajoute la syndicaliste.

Dans le cas de l’usine de Caudry (Nord) où sont produites les pizzas Fraîch’Up, qui portent bien mal leur nom, c’est une réorganisation du travail en 2015 qui a entraîné la dégradation de l’hygiène du site :

« Avant, les lignes de production étaient nettoyées la nuit par des hygiénistes dont c’était le métier, ils connaissent les nids de bactéries. Depuis 2015, avec les 3×8 les machines sont nettoyées toutes les 27 heures de production, pendant 5 heures, par les salariés », détaille Maryse Treton.

La CGT avait tiré la sonnette d’alarme, en vain. La disparition des CHSCT voulue par le patronat aggrave la situation.

La grave épidémie d’E-coli, tout comme le rappel des chocolats Kinder posent de sérieuses questions sur les autocontrôles.

Ils sont menés par les entreprises agroalimentaires sur le matériel, les matières premières et les produits finis. Les prélèvements microbiologiques sont envoyés pour analyse dans des laboratoires internes ou externes. Quel est le degré d’indépendance de ces labos ?

Ces autoévaluations sont certes soumises au contrôle de la DGCCRF, mais un rapport de la Cour des comptes de 2019 pointait l’insuffisance et l’opacité des contrôles, le manque de moyens des autorités publiques et la faible participation des industriels en France pour financer les contrôles publics.

« Sans compter la faiblesse des sanctions encourues, renchérit Maryse Treton. Aucune entreprise agroalimentaire n’a été inquiétée alors que les scandales sanitaires sont monnaie courante. Aujourd’hui, avec deux enfants morts, ça va bouger ? »

L’alimentation est un bien commun.

Les industries alimentaires sont sacrifiées sur l’autel du profit patronal.

La Fnaf-CGT continuera à agir pour satisfaire les revendications des salariés du secteur et pour une autre politique agricole et alimentaire en demandant :

  • l’augmentation des salaires, inférieurs au reste du secteur manufacturier,
  • la création d’emplois,
  • l’amélioration des conditions de travail,
  • l’arrêt du harcèlement des salariés,
  • le respect des droits syndicaux sont indispensables pour régénérer nos industrie alimentaires.

La Fnaf-CGT refuse d’être complice de l’insécurité alimentaire en France.

 

 

 

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