Ce ne sont pas les hausses de salaires qui ont engendré l’inflation que nous subissons aujourd’hui.
Pour le gouvernement, si les salaires augmentent, l’inflation va augmenter. Dans cette logique, si les salariés gagnent des hausses de salaire, les entreprises seraient obligées de répercuter cette hausse dans leurs coûts.
Elles vendraient donc leurs produits plus chers. Les prix augmenteraient, entraînant une nouvelle demande d’augmentations de salaire de la part des salariés… Bref, un cycle sans fin.
Aujourd’hui l’inflation est importante : les prix ont augmenté de 5,2 % en un an.
L’énergie et les produits de première nécessité sont particulièrement touchés. Les causes de cette inflation sont diverses :
- La crise sanitaire a entraîné des fermetures puis des réouvertures d’entreprises.
- La production est désorganisée, les chaînes d’approvisionnement perturbées.
- La guerre en Ukraine, important producteur mondial de céréales, a des conséquences sur le prix des matières premières.
Tous ces éléments conjoncturels s’inscrivent sur fond de délocalisations, de mise en concurrence exacerbée des sous-traitants.
« Le capitalisme est en train d’entrer en crise. » résume Mathieu Cocq, responsable du Pôle économique à la CGT.
En réponse à l’augmentation des prix des matières premières ou de l’énergie, les grandes entreprises ont augmenté leurs prix.
En 2021, les grandes entreprises ont enregistré des marges record.
Selon un rapport de l’Observatoire des Multinationales, les deux tiers des groupes du CAC 40 ont battu leurs records historiques de profits. L’ensemble des groupes cotés à la bourse de Paris versé à leurs actionnaires plus de 80 milliards d’euros, soit une augmentation de 57 %.
« S’il y a des revendications d’augmentations salariales, c’est bien en réaction à l’inflation. Les prix ont augmenté de 5,2 % entre mars 2021 et mars 2022. Mais aucune entreprise n’a revalorisé ses salaires de 5,2 %. Les salaires ne suivent pas l’inflation. »
Au premier trimestre 2022, le salaire réel a baissé de 2,3 %.
Autrement dit : même si le montant du salaire indiqué sur votre fiche de paie n’a pas changé, il permet d’acheter moins de choses.
« Le gouvernement fait le choix de garantir les marges des entreprises, en laissant se détériorer les salaires, analyse Mathieu Cocq. Mais il se rend compte qu’il ne pourra pas tenir longtemps avec un pouvoir d’achat qui continue à se dégrader. Alors il multiplie les « chèques » énergie, etc. pour compenser la baisse de pouvoir d’achat sans augmenter la fiscalité pour les plus riches. »