Pour la CGT, ce rapport est un nouveau signal d’alarme à prendre très au sérieux.
“L’enquête démontre que le travail est une sphère particulièrement inégalitaire qui doit faire l’objet de mesures fortes : des sanctions pour les entreprises qui discriminent et ne préviennent pas les violences sexistes et sexuelles, une obligation de résultat pour les politiques d’égalité, une conditionnalité des aides publiques. » remarque Sophie Binet – Dirigeante confédérale de la CGT, pilote du collectif confédéral Femmes-Mixité, Secrétaire Générale de Union Général des Ingénieurs, Cadres, Techniciens, et Agents de maîtrise (UGICT – CGT).
Il s’agit de revoir l’index égalité salariale qui a démontré son inefficacité et doit être revu en profondeur ; les métiers féminisés doivent être revalorisés ; les services publics restent à développer pour prendre en charge la petite enfance et les personnes dépendantes. Cette politique d’égalité serait une avancée pour la société tout entière !”
La suppression des inégalités salariales entre les femmes et les hommes permettrait d’ailleurs de dégager au minimum 6 milliards d’euros de cotisations supplémentaires pour les retraites.
Les recommandations du HCE pour augmenter les moyens de la justice, mettre en place des mesures contraignantes à l’école et réguler les contenus numériques pour lutter contre les représentations dégradantes des femmes doivent être prises en compte.
Inégalités persistantes dans toutes les sphères, y compris au travail
93% des interrogés·es perçoivent un monde inégalitaire en défaveur des femmes. Tous âges confondus, 40% des hommes trouvent normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Le monde du travail est perçu comme particulièrement sexiste.
« L’opinion reconnaît et déplore l’existence du sexisme mais ne le rejette pas en pratique, phénomène particulièrement prépondérant chez les hommes interrogés. Ce décalage a des conséquences tangibles en termes de violence symbolique, physique, sexuelle, économique », explique le rapport du HCE.
Une majorité des femmes restitue des situations de sexisme « ordinaire » : « blagues » ou remarques sexistes auxquelles s’ajoutent les sifflements, le déséquilibre des tâches ménagères, le mansplaining et les remarques sur le physique, la tenue…
9 femmes interrogées sur 10 affirment anticiper les actes et les propos sexistes des hommes et adoptent des conduites d’évitement pour ne pas les subir, avec des conséquences concrètes sur leur vie quotidienne et leur parcours professionnel.
Les situations de sexisme au quotidien peuvent donc fonctionner comme des « trappes à bas salaire et expliquer pour partie la persistance d’inégalités salariales sur le marché du travail ».
14 % des femmes déclarent avoir subi un « acte sexuel imposé » c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol (22 % des femmes de 18 à 24 ans), 22 % ont déjà vécu une situation d’emprise psychologique ou de jalousie excessive imposée par leur conjoint, 15 % ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire (20 % chez les 50-64 ans), 37 %, des Françaises interrogées ont déjà vécu une situation de non-consentement.
Parmi les hommes de 25 à 34 ans, près d’un quart estime qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.
Le rapport note un manque de confiance important de la part des personnes interrogées à l’égard des pouvoirs publics pour notamment faire face à l’apparition de phénomènes nouveaux : violence en ligne, barbarie dans de très nombreuses productions de l’industrie pornographique, affirmation d’une sphère masculine et antiféministe. À cela s’ajoute le recul pour les droits fondamentaux des femmes, notamment sexuels et reproductifs, à l’international.
Les propositions de la CGT :
- La mise en œuvre de sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations de prévention et la création d’une obligation de négocier sur les violences sexistes et sexuelles ;
- La création de référent.es violences, indépendant.e.s de l’employeur, désigné.e.s par les représentant-e-s du personnel, chargé.e.s d’accompagner les victimes, de diligenter des enquêtes ou des expertises et de suivre la mise en œuvre des mesures de prévention ;
- La mise en place d’une heure de sensibilisation obligatoire de tous les salarié.es, d’une formation de tou.te.s les manageurs, RH et professionnel.le.s en contact avec les victimes, le doublement des subventions aux associations et du nombre d’hébergements d’urgence ;
- La protection des victimes contre le licenciement et les sanctions, la prise en charge de l’ensemble des frais de justice par l’employeur et la reconnaissance automatique de leur situation en Accident du Travail/Maladie Professionnelle, la création d’un statut de la victime dans les procédures disciplinaires ;
- L’extension des prérogatives et moyens des inspecteurs/trices et des médecins du travail.
- La mise en place en France de la Convention 190 de l’Organisation Internationale du Travail pour protéger toutes les femmes du monde contre les violences sexistes et sexuelles