Déréglementation des normes d’accueil, déqualification des personnels, appauvrissement des services publics au profit du secteur lucratif, l’accueil de la petite enfance devient donc un marché !
Les financements insuffisants pour les établissements d’accueil des jeunes enfants relevant du secteur public et associatif, ajoutés au désengagement des gestions directes par les CAF et par les collectivités locales, ont largement contribué à dévaster le secteur de la petite enfance.
Les conséquences sont dramatiques : il manque actuellement 10 000 professionnelles pour le fonctionnement des établissements et environ 200 000 places en accueil petite enfance pour répondre au besoin des familles.
Les conditions de travail des personnels sont dégradées au plus haut point, la qualité d’accueil et la sécurité des enfants ne sont pas assurées dans une grande majorité d’établissements, comme en témoigne le dernier rapport de l’IGAS.
Un rapport qui semble d’ailleurs définitivement enterré au regard des annonces qui viennent d’être faîtes par Madame VAUTRIN et du sabotage organisé de la commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches et sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants au sein de leurs établissements.
Le gouvernement indique vouloir mettre en place un « service public de la petite enfance » qui ne remet pas en cause l’organisation actuelle et la question les dysfonctionnements occasionnés par des choix politiques aberrants mais propose uniquement quelques aménagements notamment au niveau de la compétence désormais renvoyée aux communes.
Sans même attendre le vote du 3 avril, le gouvernement vient d’annoncer, avant le vote du conseil d’administration de la branche famille, la revalorisation des salaires des professionnel∙les de la petite enfance afin d’améliorer l’attractivité de ces métiers. Cette revalorisation représenterait des moyennes de 150€ nets dans le secteur privé associatif et marchand et 100€ dans le secteur public.
Cette revalorisation serait financée par la branche famille de la sécurité sociale qui budgétise environ 630 millions d’euros jusqu’en 2027.
A charge pour les structures associatives et marchandes d’appliquer une convention collective qui rentre dans les critères (qualification et rémunération) fixés par le gouvernement et dont le caractère est extrêmement flou.
Pour le secteur public, cette sous-augmentation de 100 euros, soumise au bon vouloir et à la délibération des employeurs territoriaux, via l’augmentation du régime indemnitaire, est bien en-dessous des besoins des agents et générera une nouvelle fois des inégalités entre les territoires.
La CGT revendique avant tout la revalorisation des grilles indiciaires des agent∙es du secteur à hauteur de leurs compétences et qualifications.
Le financement versé aux structures et collectivités locales éligibles compensera 66% des augmentations de salaire, les 34% restant à la charge des gestionnaires.
Le dispositif proposé engendra des inégalités : l’ensemble des établissements publics, privés et associatifs n’étant pas en mesure ou n’ayant pas la volonté de financer le reste à charge.
À ce jour, une seule convention collective serait éligible à ces financements alors que les besoins sont urgents.
Les revalorisations proposées ne sont même pas à la hauteur du Ségur qui représente 189 euros nets par mois.
Les annonces creuses de la Ministre du travail et des solidarités et de sa Ministre déléguée font une totale abstraction de l’accueil individuel qui disparait du paysage alors qu’il constitue le premier mode d’accueil de la petite enfance.
A l’horizon 2030, 40 % des assistant∙es maternel∙les auront quitté la profession, pour cause de retraite où de reconversions professionnelles liées à leurs conditions d’exercice
Les assistant∙es maternel∙es exerçant pour des particuliers employeurs ou en crèches familiales se voient renvoyer à des groupes de travail qui depuis des années ne donnent aucun résultat.
La CGT ne peut que dénoncer le caractère éphémère et aléatoire du financement et revendique que le gouvernement prenne enfin de réelles mesures pérennes et significatives pour l’augmentation immédiate et équitable des salaires de l’ensemble des professionnel∙les de la petite enfance.