Des filières industrielles touchées de plein fouet : la CGT appelle à la mobilisation nationale pour l’emploi et l’industrie, le 12 décembre 2024
Partout dans le pays, les filières industrielles sont touchées de plein fouet : automobile, sidérurgie, chimie, papier, aérospatiale… Des dizaines de milliers de travailleur·euses sont en première ligne, tandis que l’État reste passif et inactif. Face à cette situation, la CGT appelle à une convergence nationale des mobilisations, avec débrayages et grèves en région, le 12 décembre 2024 pour l’emploi et l’industrie. L’objectif est de mettre la pression sur les seuls responsables de cette crise : le patronat et le gouvernement.
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Des suppressions d’emplois massives, des fermetures d’usines et de sites
Alors qu’elles ont largement bénéficié d’aides publiques, plusieurs grandes entreprises du secteur de l’industrie annoncent des plans de restructuration dramatiques pour les travailleur·euses.
Michelin, fleuron de l’industrie française, qui a fait plus de 2 milliards de bénéfices en 2024 et a versé 1,4 milliards de dividendes, a confirmé la fermeture des sites de Cholet et Vannes d’ici 2026, menaçant directement plus de 1 200 emplois.
La CGT dénonce ces fermetures injustifiées, rappelant que Michelin reste extrêmement rentable, avec des profits records attendus cette année. Face à cette décision, les syndicats appellent à une grève illimitée pour dénoncer ce plan de destruction de l’emploi et soutenir les salarié·es touché·es.
Le secteur de la chimie est frappé par une crise profonde
Chez Vencorex, situé à Pont-de-Claix en Isère, la CGT dénonce une « faillite organisée ». Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, pointe une série de décisions qui ont « sciemment organisé » la chute de l’entreprise. Elle évoque « des choix managériaux désastreux » et accuse l’État d’inaction, alors que 5 000 emplois sont en jeu, menaçant les familles et l’économie locale.
La CGT exige que l’État intervienne pour organiser une table ronde en vue de sauver l’entreprise et, si nécessaire, exige une nationalisation temporaire si aucun repreneur ne se manifeste.
Mobilisations pour les salaires et le pouvoir d’achat
Alors que l’inflation pèse lourdement sur le quotidien des travailleur·euses, les revendications salariales prennent une place centrale dans les luttes sociales.
Dans les transports, à la RATP, la CGT appelait à une grève le 12 novembre pour dénoncer l’ouverture à la concurrence, une mesure qui menace directement le statut et les droits sociaux des agent·es.
Les salarié·es de Keolis, opérant le réseau de bus à Moulins, sont en grève depuis le 31 octobre, exigeant une revalorisation de leur salaire de 300 euros nets par mois et des conditions de travail décentes.
Les grèves pour des augmentations salariales touchent aussi d’autres secteurs comme le commerce et le nettoyage, avec des employé·es de H&M ou de l’entreprise de nettoyage Atalian dans les Bouches-du-Rhône qui se mobilisent pour obtenir une rémunération juste face à une situation où les salaires stagnent et le coût de la vie augmente.
Des services publics et des protections sociales en danger
Les politiques d’austérité mises en place par les gouvernements successifs depuis 2017 affectent également les services publics et le système de protection sociale.
Dans le projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement envisage de nouvelles coupes budgétaires, générant une opposition croissante chez les fonctionnaires, les enseignants, les retraités. La CGT Fonction publique dénonce le gel salarial, la remise en cause de la prime de pouvoir d’achat (GIPA) spécifique à la fonction publique et l’alignement du régime des arrêts maladie des fonctionnaires sur celui du privé.
Alors que des dizaines de milliers de licenciements sont annoncés, l’assurance chômage est également au centre des préoccupations. Le projet de loi prévoit des économies supplémentaires, menaçant encore davantage les droits des intermittents et des précaires.
La CGT, en particulier dans le secteur du spectacle, appelle à une mobilisation pour défendre les acquis des annexes spécifiques et maintenir les droits sociaux des plus vulnérables. Plus d’un millier d’intermittent·es ont ainsi manifesté vendredi 9 novembre dans plusieurs villes.
Répression syndicale et tensions dans les entreprises
Face à ces mobilisations, la répression syndicale se renforce. À la centrale EDF de Cordemais, sept militants CGT font l’objet de procédures disciplinaires pour des actions de protestation contre un projet de reconversion jugé insuffisant en matière de sauvegarde de l’emploi.
Chez Hermes Logistic, dans l’Eure, les grévistes sont confronté·es à des mises à pied et des pressions de la part de la direction, ce qui souligne l’hostilité de certains employeurs face aux revendications légitimes des travailleur·ses.
Une casse industrielle aux effets dévastateurs
Les ravages de la désindustrialisation ne se limitent pas aux pertes d’emplois. Ils ont des conséquences sociales :
- suppression de milliers de postes,
- perte de compétences,
- déstabilisation des familles.
Les effets territoriaux sont tout aussi dramatiques : des régions entières se vident de leurs emplois et voient leur tissu économique et social s’effondrer. L’impact environnemental est également considérable : la production est délocalisée dans des pays aux normes environnementales bien plus faibles.
Enfin, la souveraineté nationale est en jeu : en perdant ses capacités industrielles, la France sacrifie son indépendance économique
Un message clair : “Nous ne paierons pas” !
Les organisations de la CGT expriment leur refus de voir les travailleur·ses payer une crise qu’ils n’ont pas créée. Dans leur déclaration « Nous ne paierons pas », elles dénoncent la répartition injuste des efforts exigés pour combler les déficits publics et s’opposent aux politiques d’austérité.
Ces mesures mettent la pression sur les salaires, les emplois, et les services publics, tout en exonérant les plus grandes fortunes et les grandes entreprises.
La CGT appelle les salarié·es, précaires, retraité·es et privé·es d’emploi à faire entendre leur voix et à refuser ces sacrifices injustes.
Six revendications immédiates pour un plan d’urgence industriel
La CGT avance six revendications urgentes pour répondre à la crise de l’industrie :
- Un moratoire sur les licenciements pour préserver les compétences et les emplois.
- Un plan de relocalisation et de maintien des emplois industriels, dirigé par l’État, afin de redresser les filières stratégiques.
- Des aides d’État face aux coûts énergétiques afin de soutenir les entreprises et garantir leur survie.
- Un conditionnement strict des aides publiques pour stopper la casse industrielle et éviter les délocalisations.
- Un plan d’investissement productif : mise en place d’une conférence pour mobiliser les outils financiers publics.
- L’organisation d’Assises nationales de l’industrie pour définir les orientations de la politique industrielle française.