Extrait de: Economie Picarde :Lettre d’information économique et sociale de la CGT INSEE PICARDIE – Mai 2016 – Rédac chef : P. Le Scouëzec
En son temps, C. Gewerc, le président PS de la région Picardie, avait dépensé avec l’État 100 millions d’euros en 5 ans pour vouloir atteindre en 2016 les 18.000 apprentis.
Résultats : l’argent a bien été dépensé au profit du patronat qui gère la majorité des CFA (centres de formation), mais le nombre d’apprentis a baissé ces dernières années ! On n’en comptait plus de 11.300 mi 2015, soit les deux tiers du chiffre proclamé.
Malgré cet échec, X. Bertrand, le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, reprend à son compte la promesse de son prédécesseur pour annoncer 50.000 apprentis en Nord-Pas-de-Calais-Picardie d’ici 2021 (33.000 aujourd’hui), ce qui fait, pour la Picardie, environ… 16.700 !
L’objectif est à peine plus modeste que celui de Gewerc, mais l’enveloppe financière est tout aussi conséquente : 200 millions d’euros dont un tiers pourrait être consacré à la Picardie. Ce coût résultera principalement du triplement de l’aide actuelle au recrutement d’un apprenti prévue par la loi.
Au final, un apprenti sera presque gratuit pour les employeurs. C’est un bon moyen pour ne plus compter les jeunes comme des chômeurs et de faire un nouveau cadeau fiscal aux patrons, qui deviennent de plus en plus des assistés, profitant des largesses de l’État et de X. Bertrand… avec nos impôts !
Outre le fait que l’objectif risque fort de ne pas être, à nouveau, atteint, il manque au « deal » de X. Bertrand une garantie essentielle : l’embauche du jeune à l’issue de son apprentissage par l’entreprise qui l’aura accueilli et qui en aura bien profité sans rien dépenser ou presque !
De cela, il n’en est pas question, tout comme il est exclu de faire un audit de l’usage des 100 millions de C. Gewerc consacrés à développer l’apprentissage sans accroître le nombre d’apprentis !
Enfin, la promotion de l’apprentissage masque le désir de l’Etat et la Région d’affaiblir l’enseignement professionnel. En effet,parents et élèves privilégient les lycées, essentiellement publics, pour accéder à ce type de formation. De ce fait, l’apprentissage ne représente que 23,5% des jeunes du second
cycle de l’enseignement professionnel en Picardie, l’un des taux régionaux les plus faibles de France (27,2%).
Par conséquent, derrière les effets d’annonce, il y a une volonté idéologique de réduire l’enseignement public au profit de l’apprentissage, mieux perçu par les patrons !