Après deux ans d’arrêt, la remise en circulation du train Perpignan-Rungis est une première victoire pour la CGT, qui appelle au retour à un vrai service public du fret.
La ligne de fret ferroviaire Rungis-Perpignan rouvre.
Le train des primeurs permet d’acheminer fruits et légumes frais directement depuis le sud de la France, l’Espagne et les pays du Maghreb jusqu’au Marché d’intérêt national (MIN) de Rungis, situé dans le Val-de-Marne, près de Paris.
À sa fermeture en 2019, cette liaison était la dernière ligne de fret de fruits et légumes en France. Lors de sa création en 1986, un train de 82 wagons réfrigérés transportait 350 tonnes de fruits et légumes depuis la plate-forme Saint-Charles International de Perpignan, premier centre de commercialisation, de transports et de logistique de fruits et légumes d’Europe jusqu’à Rungis.
Quand la liaison s’arrête en 2019, il reste seulement 40 wagons, les autres n’ayant pas été renouvelés.
L’arrêt de ce train est alors dénoncé comme une aberration écologique.
En effet, pour remplacer un train de fruits et légumes, il faut désormais affréter 45 camions, ce qui rend leur transport beaucoup plus polluant. Une centaine d’emplois risquent aussi d’être supprimés.
La CGT Cheminots et la CGT des Pyrénées-Orientales alertent les élus de gauche qui prennent position en faveur du maintien du train des primeurs. Ils manifestent, lancent une pétition qui recueille 21 000 signatures, remettent le prix du pollueur de l’année à Élisabeth Borne, alors ministre des Transports.
Aujourd’hui, Laurent Brun, secrétaire fédéral de la CGT Cheminots, salue le redémarrage de ce « train symbolique » tout en pointant le fait que « le train qui repart n’est pas du tout le même qu’il y a deux ans ».
Il s’agit en effet d’un train de 12 wagons qui acheminera fruits et légumes de Perpignan à Rungis 5 fois par semaine de novembre à la mi-juillet et repartira vers Perpignan vide.
Le fret étant un marché ouvert à la concurrence, le gouvernement avait lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la reprise d’un service de fret ferroviaire entre Perpignan et Rungis en décembre 2020.
C’est finalement la société Rail Logistics Europe (RLE) regroupant Fret SNCF et les autres filiales européennes de fret de la SNCF qui a emporté le marché.
Elle touchera pour cela une subvention de 4 millions d’euros par an.
« C’est colossal ! Commente Laurent Brun. Il faudrait 200 trains supplémentaires d’ici à 2030, 1 000 trains d’ici à 2050. Si l’État doit débourser 4 millions de subventions pour chacun, c’est impossible ! »
Déplorant « ce système concurrentiel où chaque maillon logistique est soumis à un appel d’offres différent », Laurent Brun invite à « réfléchir de manière globale pour plus d’efficacité ».
Par exemple, si le champ de l’appel d’offre ne se limitait pas à Perpignan-Rungis, le train des primeurs pourrait continuer sa route de Rungis vers Lille, puis redescendre à Lyon au lieu de retourner vide à Perpignan.