Le risque de pauvreté et de précarité s’aggrave en France

Produits alimentaires, transports, logement, frais de santé, cantines : avec la flambée de l’inflation et le tassement des salaires, de plus en plus de travailleurs.euses n’arrivent plus à vivre décemment, révèle l’Institut de recherche économiques et sociales.

©Paolo Trabattoni de Pixabay - sans domicile

Avec des dépenses qui augmentent plus vite que l’inflation, de plus en plus de ménages au Smic se retrouvent en déficit budgétaire.

Même mort, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) continue de livrer des chiffres alarmants. Supprimé par le gouvernement d’Edouard Philippe en 2019 parce qu’il s’attaquait à des sujets aussi sensibles que les inégalités économiques, sociales, territoriales, éducatives, de santé, de logement ou de transport, et publiait une étude précieuse sur les budgets de référence des ménages, il ressuscite en 2022 sous la plume de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES) !

Ce dernier vient de publier une note d’éclairage détaillée sur les « budgets de référence » des ménages français au premier semestre 2022, qui calculent les ressources nécessaires pour avoir un niveau de vie minimum décent.

« L’IRES a repris la même méthodologie que l’Observatoire national de la pauvreté, dont le gouvernement a voulu brider l’expression indépendante : c’était un thermomètre de la pauvreté et de l’exclusion », décrit Denis Gravouil, membre de la direction de la CGT.

De plus en plus difficile de joindre les deux bouts

Construits grâce à la participation de personnes représentatives de différentes configurations familiales, ces « budgets de référence » évaluent le coût du panier de biens et services nécessaires pour accéder à un niveau de vie décent.

Que montrent-ils ? Qu’en 2022, il n’est pas possible de vivre décemment en dessous de 1634 euros par mois pour une personne seule, 3744 euros pour un couple avec deux enfants.

Les ménages les plus modestes ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Quand ils travaillent à temps plein au salaire minimum, les salaires sont insuffisants pour atteindre ces budgets.

« Beaucoup de travailleur.euses précaires ou sous-payé.es ont de grosses difficultés de logement, ils s’éloignent des centres-villes, s’ajoute alors le coût du transport qui augmente, ajoute Denis Gravouil. In fine, les dépenses liées aux vacances, à la vie culturelle et sociales sont sacrifiées», observe Denis Gravouil.

Depuis 2014 (dernière année où l’observatoire de la pauvreté a pu publier son rapport), les ressources nécessaires pour avoir un niveau de vie minimum décent ont augmenté plus vite que la moyenne des prix.

Un tiers des ménages en situation de précarité, les retraités seuls en danger

Environ un tiers se trouvent en risque de précarité ou de pauvreté, et cette proportion n’a pas baissé en huit ans, sauf pour les couples biactifs (avec deux Smic) et sans enfants, selon l’étude actualisée par l’IRES.

Les familles monoparentales où un seul adulte actif doit subvenir aux besoins de la famille sont les plus en danger.

Le risque a grandi aussi pour les personnes actives vivant seules, et pour les couples avec deux enfants.

Quant aux retraités, le niveau de pension nécessaire pour accéder au budget de référence se situe à 1,5 Smic pour une personne seule, et à 2 Smic pour un couple.
Et comme environ 70% des retraités perçoivent une pension inférieure à 1,5 Smic, ils sont donc à risques s’ils vivent seuls. En couple, il faut environ 1 Smic chacun pour s’en sortir

Des discussions sont engagées entre la CGT et l’Institut de recherches économiques et sociales pour construire un indice du coût de la vie, plus proche de la réalité vécue par les ménages, avec des indicateurs différents selon les catégories sociales.

Mais l’enjeu est avant tout d’avoir un revenu décent, ce qui implique immédiatement un Smic à 2000 euros brut.

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