JO 2024 : il manque plus de 3 000 inspecteurs du travail sur les chantiers de construction

À un an jour pour jour de l’ouverture des Jeux olympiques 2024, les chantiers vitrines masquent tous ceux à haut risques sur lesquels des travailleurs risquent leur vie. À l’origine des accidents, l’absence de prévention, la sous-traitance et la pénurie d’inspecteurs·rices du travail.

Chantiers des JO

L’unité spéciale d’inspecteurs·rices du travail sur les chantiers des Jeux olympiques : c’est l’arbre qui cache la forêt.

À un an jour pour jour de l’ouverture des JO de Paris, le 26 juillet 2024, et de l’ouverture de la première ligne du métro automatique du Grand Paris Express, quelle est la chance de survie des ouvriers sur les chantiers de construction de ces deux mégaprojets ?

Sur les chantiers olympiques et paralympiques, surcontrôlés, le taux d’accident est quatre fois moindre par rapport à la moyenne du BTP, selon le comité de suivi de la charte sociale des JO Paris 2024, coprésidé par Bernard Thibault, l’ancien secrétaire général de la CGT (1999-2013) et par la représentante du Medef, Dominique Carlac’h.

Fin 2019, une cellule spéciale avait été créé au sein de l’Inspection du travail d’Ile-de-France : l’unité régionale d’appui et de contrôle des grands chantiers (URACGC). Huit agent.es sont affecté.es au contrôle des chantiers des JO.
En 2022, ils.elles ont réalisé 1 200 interventions, et plus de 550 depuis début 2023, avec plus de 120 décisions d’arrêts de travaux .

« Et ça produit ses résultats : là où il y a des contrôles, le bilan est meilleur », constatent Frédéric Mau, secrétaire fédéral de la CGT Construction et Yves Gauby, membre du collectif confédéral JO 2024 à la CGT.

Des sous-traitants en cascade

Depuis leur démarrage, 130 accidents du travail sont survenus pour la construction des ouvrages olympiques, dont 17 graves.

C’est beaucoup, mais on n’y déplore aucun accident mortel. Et c’est beaucoup moins que sur les autres chantiers rattrapés par les problèmes structurels du BTP :

  • la présence de nombreuses entreprises, dont certaines très petites, qui interviennent en même temps, notamment dans la phase de second œuvre qui s’ouvre en ce moment,
  • des difficultés de coordination des ouvriers, dont de nombreux intérimaires,
  • de la sous-traitance en cascade, jusqu’à sept niveaux sur les chantiers du métro du Grand Paris, ce qui réduit la prévention et dilue les responsabilités pénales en cas d’accidents.

Sur les chantiers du métro du Grand Paris qui doivent livrer 200 kilomètres de nouvelles lignes d’ici à 2030, avec une prolongation de la ligne 14 de la RATP dans moins d’un an, cinq ouvriers sont morts depuis 2020, des suites d’accidents du travail.
Et un homme gravement blessé début juillet sur les travaux de la ligne 16, est toujours entre la vie et la mort. Une récente visite de la fédération internationale bois et bâtiment sur la ligne 14 a constaté des carences de sécurité importantes.

Quinze jours plus tôt, un maçon de 51 ans était décédé après avoir été percuté par un camion sur le chantier d’assainissement des eaux de la Seine pour les JO, dans le bassin d’Austerlitz. Un chantier mené par un major du BTP, le groupe Fayat, et qui n’est pas labellisé JO; donc, très peu contrôlé par l’inspection du Travail

Dernière ligne droite avant les JO : les risques grandissent

La dernière ligne droite avant la livraison des ouvrages pour 2024 est accidentogène avec une échéance couperet, celle des JO. Les cadences s’accélèrent, les risques grandissent, le recours aux intérimaires s’accentue.

Des unités spéciales à l’Inspection du travail comme celle créée en Ile-de-France, il en faudrait partout, estime la CGT. Il reste moins de 1 600 inspecteurs.rices en poste en France, il en faudrait 5 000 pour faire respecter la réglementation, œuvrer à la prévention et arriver à réduire l’accidentologie sur les chantiers de construction.

« Les morts dans le BTP, ce n’est pas prêt de s’arrêter, quand on voit que dans les marchés publics, les critères d’excellence – social et prévention – pèsent peu par rapport au prix !, s’insurge Fredéric Mau, de la CGT construction.

 

Imprimer cet article Télécharger cet article