Un plan d’investissement pour protéger nos enfants

Face à la dégradation des conditions d’accueil des enfants, des conditions de travail des professionnel·les de la petite enfance et à la dévalorisation de ces métiers, la CGT appelle, jeudi 19 octobre, à une journée de grève. À cette occasion, la CGT a rappelé ses propositions pour un service public de la petite d’enfance et demandé un plan d’investissement améliorant la qualité de l’accueil, seul véritable rempart à la marchandisation de ce secteur.

divergences images ©Laurent Hazgui

 

«Les conditions de travail se dégradent et on ne respecte plus le rythme de l’enfant. On n’est pas assez en nombre. Parfois j’ai l’impression d’être dans une usine à bébé »

relevait une auxiliaire de puériculture dans le cadre de l’enquête sur les métiers du lien et du soin réalisée par la CGT à l’automne 2021.

Après le scandale des EHPAD, celui de l’accueil de la petite enfance

En avril dernier, suite à un drame dans une crèche à Lyon, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) publiait un rapport alarmant confirmant la dégradation des conditions d’accueil dans les établissements de petite enfance.

Ce rapport confirme ce que la CGT dénonce depuis de nombreuses années ( Lire le communiqué de presse du 13/04/23) :

« Basé sur l’observation de structures d’accueil et des questionnaires auprès des professionnel·es, ce rapport fait état de nombreux témoignages qui pourraient renvoyer à des situations de maltraitance institutionnelles où les personnels sont mis en condition de devenir maltraitant du fait du manque de temps, de formation et d’effectifs notamment mais, aussi, d’un management qui pressurise les salarié·es. »

Une réforme à minima du secteur de la petite enfance

Dans la foulée, la première ministre a présenté, début juin, le plan du gouvernement pour la petite enfance. Dans l’objectif de « lever les freins à l’emploi », elle a annoncé la création de 100 000 places d’accueil d’ici 2027, avec pour objectif d’atteindre 200 000 places en 2030.

Pourtant, il manque déjà plus de 10 000 professionnels pour assurer les places existantes.

En effet, le secteur, peu attractif, est dévasté par la pénurie de professionnel·les. Dans un communiqué (lire ici), la CGT a regretté l’absence de remise en cause du secteur privé lucratif, mais surtout l’abandon du « service public de la petite enfance» au profit de la «garantie d’accueil».

C’est dans ce contexte que, jeudi 19 octobre 2023, la CGT appellait, les professionnel·les du secteur de la petite enfance à la grève et à manifester aux côtés du Collectif « Pas de bébés à la consigne ».

À cette occasion, la CGT rappelle ses revendications pour la mise en place d’un réel service public de la petite enfance améliorant la qualité de l’accueil, seul véritable rempart à la marchandisation de ce secteur. (Lire dossier de presse).

Un vrai plan d’investissement pour la petite enfance

Si le gouvernement s’enorgueillit de débloquer 5 milliards d’euros, il en faudrait plus du double selon une étude de l’IRES lancée par la CGT.

Celle-ci a chiffré le coût que représenterait pour l’État une augmentation des salaires et des recrutements dans les secteurs du soin et du lien.

Pour celui de la petite enfance (où 98% des salarié·es sont des femmes), elle estime à 11,3 milliards d’euros l’investissement nécessaire pour la revalorisation des emplois existants et pour les créations d’emplois revalorisés.

Dans le détail, les efforts de revalorisation pour rattraper les inégalités salariales sont évalués à 33% pour les agents de services des établissement primaires, à 40% pour les auxiliaires de puériculture dans le privé (12% dans le public) et à 42% pour les assistantes maternelles.

Au total, l’investissement nécessaire pour la revalorisation des emplois existants s’élèverait à 5,3 milliards d’euros.

Le travail de recherche a aussi estimé le nombre d’emplois nécessaire à créer pour réduire les inégalités territoriales et l’amélioration de l’accessibilité (et donc les conditions de travail des personnels) :

76 000 emplois sont nécessaires pour faire face aux inégalités les plus criantes, mais il faudrait en créer 218 000 pour envisager un niveau de service de qualité dans toute la France.

 

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