La CGT présente un plan de développement du Fret SNCF

Alors que la loi Climat et résilience vise le doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030, le gouvernement propose un plan de « discontinuité » de Fret SNCF. Opposée à cette liquidation, la CGT des cheminots a présenté ses propositions pour sauvegarder et développer le Fret SNCF.

© MARIE-HÉLÈNE LABAT / DIVERGENCE

 

La libéralisation du Fret ferroviaire est un échec qui profite au secteur routier

Depuis 20 ans, les plans de relance du fret ferroviaire se succèdent et se ressemblent.
Résultats : de 2002 à 2O18, les volumes transportés par le train sont passés de 50 milliards de tonnes km (GTK) à seulement 33 GTK.

Aujourd’hui, France Fret SNCF transporte encore 50% des marchandises par rail en France tout en ayant perdu plus de 10 000 emplois en vingt ans.

Ces plans fondés sur une politique publique libérale inspirée du mode routier (dérégulation, baisse des coûts) ont accéléré le déclin du transport de marchandises sur rail. Une récente enquête parlementaire confirme ce déclin et pointe la responsabilité de la libéralisation du secteur.

Cette dégradation du transport de marchandise par le rail a bénéficié au secteur routier. Pour chaque tonne abandonnée ou perdue par la SNCF, la moitié est allée directement sur route.

Si le transport routier, avec ses plus d’un million de km de route contre moins de 30 000 pour le rail, bénéficie d’un le maillage territorial plus fin, les coûts des infrastructures, sociaux et environnementaux sont supportés par la collectivité (infrastructures, pollution, etc.).

Vers toujours plus de libéralisation au détriment des besoins et de l’urgence climatique

Malgré l’échec de vingt années de politiques de libéralisation du marché du fret ferroviaire, l’État s’entête. Le plan de 2021 a augmenté encore les subventions publiques aux opérateurs pour ne pas laisser s’effondre le système concurrentiel mis en place.

Une mesure dans le viseur de la Commission européenne qui a ouvert une enquête pour savoir si les aides publiques perçues par Fret SNCF entre 2007 et 2019, d’un montant de 5,3 milliards d’euros, constituent une entrave au droit à la concurrence.

Pour Thierry Nier, secrétaire général de la CGT Cheminots :

« Cette procédure s’inscrit à rebours des engagements de l’Union européenne repris dans le Pacte Vert, à savoir une réduction des émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 55 % d’ici 2030, alors même qu’il est établi que le secteur des transports est un des plus gros émetteurs. »

Vers un démantèlement du Fret public

Prétextant cette enquête de Bruxelles sur des aides potentiellement indues, le ministre des Transport, Clément Beaune, a présenté son plan de « discontinuité » de Fret SNCF. Dans les faits, il s’agit d’un désossage de l’opérateur public.

Pour le secrétaire de la CGT des cheminots : «la liquidation de Fret SNCF prive de fait l’État d’un outil public pour tenir ses engagements. […] Cette procédure pourrait conduire à une faillite du transport ferroviaire de marchandises en France, en portant un coup fatal à l’opérateur public avec de nouvelles suppressions massives d’emplois et un nouveau report des trafics ferroviaires sur la route. »

Pour sortir de l’impasse, la CGT fait des propositions

Pour rompre avec les politiques de « la concurrence libre et non faussée, » Thierry Nier, lors d’une conférence de presse, le 13 décembre dernier, a présenté, au coté de Sophie Binet, le projet CGT de développement du fret ferroviaire adossé sur des subventions publiques.Il a notamment rappelé les 13 « révolutions » publiées en septembre 2020 dont l’ambition était de relancer « 1 000 Perpignan-Rungis en 2050 »

Après l’annonce de la première Ministre de 100 milliards d’euros pour le fret ferroviaire, la CGT exige un fléchage précis pour que le développement du fret ne soit pas qu’un vœu pieu et demande à l’État doit rejouer un rôle stratégique.

Aussi, les subventions dédiées doivent répondre aux objectifs et être sanctuarisées dans un budget de programmation ferroviaire jusqu’en 2050.

« La France ne doit pas s’engager dans l’aventure de la concurrence exacerbée, quand une partie de nos voisins européens réfléchissent à en sortir ou tout du moins à la réduire. »

Parmi les mesures préconisées pour contribuer à réorienter les flux de marchandises sur les modes les plus vertueux, la CGT propose que l’État impose aux grands logisticiens comme Amazon ou La Poste une obligation minimale d’utilisation du mode ferroviaire, jusqu’à atteindre progressivement l’objectif de 25% en 2050.

 

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