Pas de papiers… pas de droits !
Travailleur·euses dans le bâtiment, la logistique, les déchets, le nettoyage, la distribution,… ils et elles subissent, au quotidien, de multiples discriminations dans leurs entreprises. Leurs conditions de travail sont systématiquement dégradées, leurs contrats de travail précaires (intérim, extras, auto-entreprenariat).
Ces travailleur·euses, parce qu’ils et elles n’ont pas de papiers sont exclu·es des conventions collectives et des droits sociaux.
Pour Gérard Ré, membre du bureau confédéral de la CGT, auprès de grévistes, mardi 17 octobre :
« se battre pour obtenir la régularisation de leur situation, c’est se battre pour leurs droits, afin qu’ils·elles puissent travailler dans des conditions dignes. Car ne pas avoir de papiers, c’est être à la merci du patronat. Dans ce contexte, la volonté du patron s’impose face au droit du travail et aux conventions collectives, ce qui a pour conséquence des conditions de travail détériorées et inacceptables. »
Une exploitation du travail institutionnalisée
Cette exploitation, cette précarisation du travail est institutionnalisée, grâce au concours de certaines agences d’intérim, qui font appel à cette main-d’œuvre en connaissant parfaitement leur situation et profitant ainsi de leur statut précaire de sans-papiers.
Cette situation permet de ne pas payer les heures supplémentaires, d’imposer des changements d’horaires et des conditions de travail dégradées, de ne pas déclarer les accidents du travail, …
Dans un tract distribué mardi 17 octobre, ils et elles expliquent leur démarche : « nous sommes en grèves dans nos entreprises pour gagner notre régularisation et nos droits : nous refusons de continuer à être surexploités »
Stop à l’hypocrisie !
Alors que la loi « Immigration », doit être présentée dans les prochains jours, à l’Assemblée Nationale, pour Kamel Brahmi, secrétaire général de l’union départementale CGT de Seine Saint Denis, joint sur un piquet de grève à Bobigny :
» Il ne faudrait pas mettre sous le tapis une réalité concrète dans notre pays : les travailleurs et travailleuses sans papiers font tourner des pans entiers de notre économie. Il y a une urgence sociale à stopper leur exploitation et à les reconnaitre. »
En Île-de-France, par exemple, ces réalités ne sont pas discutables : les travailleurs, travailleuses immigré·es (avec ou sans papiers), représentent 40 à 62% des professionnel·les des branches de l’aide à domicile, du BTP, de l’hôtellerie-restauration, du nettoyage, de la sécurité et de l’agro-alimentaire (chiffres INSEE étude 2023). Des métiers essentiels pour faire tourner l’économie française.
En retour, ces travailleur·euses essuient des discours racistes et stigmatisants. Pourtant, ils et elles participent à la production de richesses et au développement au même titre que les autres salarié·es. Ils·elles cotisent et contribuent également au système de solidarité nationale de sécurité sociale. Pourquoi seraient-ils·elles exclu·es, méprisé·es et ignoré·es ?
La lutte paye
24h après le début du mouvement, près de la moitié des grévistes a obtenu un CERFA, formulaire de demande d’autorisation de travail, première étape pour signer un contrat de travail… et garantir leurs droits. La mobilisation se poursuit pour obtenir des garanties pour l’ensemble des grévistes.
Pour la CGT, la loi doit changer comme l’a rappelé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT lors d’un point presse, mercredi 18 octobre devant une agence d’intérim dans le 12e arrondissement.
« La loi doit changer pour garantir l’accès à un titre de séjour sur la simple preuve de la relation de travail »
Dans ce sens, la CGT revendique plus de moyens humains dans les préfectures pour que chaque usager puisse être reçu dignement.
La force symbolique du mouvement de grève
Alors que le nouveau projet de loi sur l’asile et l’immigration sera prochainement débattu au Parlement, la secrétaire générale a insisté sur la force symbolique de ce mouvement de grève « pour rompre avec les discours racistes […] qui acceptent, au mieux, de régulariser seulement certains métiers en tension« . Et de rappeler que cette bataille, « c’est celle de tous les travailleur·euses car les employeurs utilisent la main d’oeuvre sans papier comme outil de dumping social. »