Pas de confinement pour l ‘action syndicale: Le centre hospitalier de Beauvais

Interview d’Éric Couq, secrétaire du syndicat CGT Centre Hospitalier de Beauvais.

Comité : Comment se passe l’activité syndicale en période de confinement ?

Éric : « on a totalement modifié notre façon de fonctionner ». A Beauvais il y a plus de 130 lits de covid-19, tous les étages sont impactés, « il est très compliqué d’aller dans les services. L’activité syndicale est très numérique ». Avant notre site internet ( http://chbeauvais.reference-syndicale.fr/ ) vivotait, depuis la crise le site  est relancé, de même que notre page Facebook qui a doublé (syndicat CGT CH Beauvais), toutes les infos passent par ces deux moyens essentiellement : les réponses de la direction,(lorsqu’elle répond) mais également toutes les questions relatives aux arrêts, garde d’enfants etc, « là ça c’est un peu calmé ». Depuis quelques jours les questions tournent autour des ressources humaines, nous faisons au cas par cas. Il y a eu aussi beaucoup de demandes également via MSN, d’autres établissements qui voulaient des infos. « L’activité syndicale ne se confine pas » elle prend d’autres allures, une autre manière de travailler. Cette nouvelle habitude devrait continuer sous cette forme après la crise.

« L’activité syndicale ne se confine pas »

Même si le revendicatif est entre parenthèse, car l’urgence c’est de soigner, on ne nous voit pas dans la rue en ce moment, en tout cas « on n’oublie pas » à la sortie de la crise « il faudra qu’ils paient l’addition et la note va être salée ». Dans la façon dont sont traités les agents notamment, au sujet de la maladie professionnelle (infection suite au covid-19 pour les agents) on attend toujours le décret, « une promesse dont on ne voit pas la couleur » ce virus peut laisser de graves séquelles respiratoires, il faudra répondre à tous ces agents et la reconnaissance en maladie professionnelle est la seule réponse recevable pour les agents.

« Nous avons suspendu nos revendications » mais elles sont toujours là, on veut des lits, des ouvertures de services, des effectifs supplémentaires, des augmentations de salaires…Malheureusement la crise sanitaire révèle l’état déplorable des hôpitaux depuis les réformes Touraine, Bachelot, Sarkozy, Macron et même depuis 1991 et le fameux livre blanc de Rocard.

« Nous avons suspendu nos revendications »

Comité : quelles sont les relations avec la direction ?

Éric : Nous n’avons assisté à aucune cellule de crise, nous avons rencontré le directeur deux à trois fois depuis le début. Il n’y a eu qu’un seul CHSCT après le 24 février lors du positionnement en 2ème ligne du CH Beauvais, la direction suit les directives du ministère, il y a une « impréparation totale ». Avec l’ARS (Agence Régionale de Santé) nous avons eu une réunion, celle-ci n’a rien donné de concret. Sur le problème des masques, l’ARS n’ a daigné nous informer de la dotation de masques de la région Hauts-De-France à hauteur de 2.5 millions pour la semaine 14 sans pour autant donner la répartition exacte par département et encore moins au niveau local SECRET DEFENSE. Nous avons su, par notre direction que le CH BEAUVAIS était doté de 8900 FFP2 mais qu’également les autres établissements du GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) n’étaient pas doté en masques FFP2 alors qu’ils accueillent des unités COVID-19 comme à Chaumont en Vexin ou au Centre Hospitalier Général de Clermont. De toutes façons « les protections sont totalement insuffisantes, c’est dramatique ». Le problème des sur blouses se fait également sentir, de la fabrication de sur blouses tissus lavables par des bénévoles ou même le nettoyage des sur blouses à Usage Unique pour réutilisation, « on a l’impression d’être dans un pays du quart-monde ».

« les protections sont totalement insuffisantes, c’est dramatique ».

Comité : Pour le personnel ça se passe comment ?

Éric : Pour le personnel c’est compliqué, outre le manque de protection : « ils y vont la boule au ventre » 54 agents ont été testés positifs au covid placés en quatorzaine. Pour les autres, si l’agent n’a pas de souci particulier après 3 jours d’arrêts, il peut retourner au boulot. « Ils jouent avec la vie des soignants, personnel technique, administratif et le reste de la population.. ». Des services entiers (hémato-oncologie, soins palliatifs, Unité Médecine Gériatrique…) ont été touchés durement par le covid : « ils ne restaient plus grand monde debout ! ».

« Le message à faire passer est : restez chez vous ! » le temps qu’il faudra et aussi nécessaire qu’il le faudra, d’une manière ou d’une autre on expose les soignants au virus : « restons confinés ».

 

Comité : les gens qui applaudissent à 20h qu’en penses-tu ?

Éric : « Merci de nous applaudir mais c’est demain qu’on aura besoin de vous, on aura besoin que vous soyez avec nous dans la rue ». Ce n’est plus possible de rester comme avant, il faut sortir de cette logique capitaliste. Mais dans les actes, on garde le même cap, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a reçu comme mission de renforcer les PPP (partenariat public privé) avec les hôpitaux. Cela va à l’encontre des discours de M. Macron qui préconise de sortir de la loi du Marché !

Interview réalisée par téléphone par Céline Bridoux, chargée de com

 

 

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