Pas de confinement pour l’action syndicale: régression sociale chez Stélia

Interview de Guillaume Delaine secrétaire général CGT (fédé métallurgie) du site de Stélia à Méaulte, un sous-traitant de rang 1 d’Airbus, entreprise en pleine croissance avant la crise et fabriquant notamment des A320. Stelia fabrique des éléments d’avion (tronçon) : pointe avant, porte d’embarquement….

Avant la crise les ouvriers avaient une cadence de 63 avions par mois, voire 67 avions par mois. Depuis la crise, la cadence est à environ 40 avions par mois. La direction a supprimé les 150 postes d’intérimaires. La plupart des sous-traitants sont évincés au profit des inscrits Stelia, pour laisser du travail à l’entreprise principale.

 Comité : Comment se passe l’activité syndicale en temps de confinement ?

Guillaume est élu depuis novembre dernier, la CGT redevient représentative passant de 9.5 % à 15% sur le site de Stélia, pour lui cette nouvelle fonction démarre « sur les chapeaux de roue ». « Il y a énormément de boulot » du fait de la situation inédite. Guillaume est en télétravail « interdit de site » comme il le souligne, comme d’autres collègues secrétaire de syndicat, la direction prétexte le confinement pour les éloigner du lieu de travail ! Pour Guillaume c’est assez frustrant car lui, privilégie le travail de terrain : « ma came c’est le terrain, le contact avec les salariés… » Alors en attendant un retour sur site, Guillaume favorise le travail par mails, téléphone, visioconférence, réseaux sociaux…

Comité:Un tract diffusé sur le site au titre provocateur : « l’esclavage moderne » a suscité des réactions hostiles de la part des autres organisations syndicales, FO, notamment majoritaire sur le site, pourquoi ce tract ?

« J’y ai été peut être un peu fort, mais la situation l’exigeait : en effet c’est suite à un accord avec Airbus, signé par toutes les Organisations Syndicales sauf la CGT que ce tract est sorti. ».

Comité: Que prévoit cet accord ?

Cet accord permet d’imposer aux salariés 10 jours de congés ou repos compensateur pour avril, alors que la CGT réclame un chômage partiel à 100% (dans l’accord il est à 92%) du salaire net. Concrètement les managers imposent 2 fois 5 jours de congés avant fin avril.

Comité: Pourquoi avant fin avril ?

En fait, l’accord prévoit l’application du chômage partiel qui pourrait débuter en mai, juin, juillet, les modalités d’application sont encore à définir (1semaines sur 2, ou autres). C’est un « accord d’esclavage moderne » puisque dans cet accord ils prennent tous les ACT (RTT), les fermetures estivales et hivernales sont supprimées. Pour les personnes qui n’ont pas pu être en arrêt garde d’enfant, en maladie ou télétravail….ils auront des heures à rattraper. Un exemple, un ouvrier peut avoir 72h à rattraper, il aura ses ACT en moins, 10 jours de congés en moins et il devra travailler cet été et à Noël prochain.

Pour Guillaume « c’est une régression sociale » qui a été permise par l’attitude des syndicats signataires (FO, CFE CGC et CFTC) de cet accord. Mais Guillaume ne baisse pas les bras, « en ce moment nous sommes très sollicités, les salariés se tournent vers la CGT, lorsque qu’il n’y avait pas de gros souci, on été considéré comme un syndicat trop alarmiste ». Mais là en pleine crise sanitaire, le syndicat est revenu au premier plan, les salariés se sont aperçus que les autres syndicats avaient signé des accords défavorables pour les ouvriers ». Guillaume regrette cependant que « c’est toujours dans les moments difficiles qu’on se tourne vers la CGT ».

Interview réalisée par téléphone par Céline Bridoux, chargée de com

Le tract:

tract accord récupération 02AVRIL

 

Contact:

CGT métallurgie

 

 

 

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